Le Parchemin : la star… malgré une courte période de domination.

Pourquoi la star ?... Allez dans un musée et vous verrez…Que regarde le visiteur lambda:

Les papyrus des pharaons égyptiens ?... Tout pourris, déchirés, couleur marron-caca ?

Ou les bibles en parchemin du moyen-âge ?... Enormes, calligraphiées, couvertes d’enluminures dorées et de miniatures multicolores?

La question, elle est vite répondue !... Comme disait … je ne sais plus qui… certainement, une ancienne vedette oubliée des réseaux sociaux.

Le parchemin, déformation de Pergamena « (peau) de Pergame », est une peau d’animal, généralement du mouton, mais également du veau mort-né pour le vélin, par exemple. Successeur du papyrus pharaonique, le parchemin est toujours associé au moyen-âge, période qui correspond à son utilisation abondante. Cependant son acte de naissance est beaucoup plus ancien.

D’après Pline, c’est le roi de Pergame, Eumène II, au IIème siècle avant Jésus-Christ, qui serait à l’origine de cette invention, après la mise sous embargo du papyrus provenant de l’Egypte de Ptolémée V: ce dernier voyait d’un mauvais œil la création, à Pergame, de la deuxième plus grande bibliothèque du monde hellénistique, potentielle concurrente de celle d’Alexandrie.

Le parchemin n’arrivera que tardivement en Europe, au VIIème siècle, puis il remplacera progressivement le papyrus sous les Carolingiens.

Sa fabrication est complexe et longue, son prix est donc très élevé. Mais il est beaucoup plus robuste et durable que son concurrent d’Egypte, ce qui explique son succès.

Et comme le résume si bien l’érudit Michaelus Audiarus : «Le prix s’oublie, la qualité reste».

Mais un concurrent revenu du diable vauvert (la Chine) viendra coiffer tout le monde.

(Je ne sais pas trop où se situe le diable vauvert mais je pense que la Chine est encore plus éloignée).

Les 3P: Les supports de l’écriture au temps des carolingiens.

Suite et fin.

Parchemin: après

Parchemin: avant

Le Papier : le vainqueur final.

Ah… le numérique et le paradis du Zéro Papier… ce doux rêve…

Et la réalité… brutale... implacable : dans le monde, 57 kg de papier et de carton en moyenne par habitant et par an, 180 kg pour les français (les chiffres varient selon les sources mais ils restent énormes, les premiers consommateurs semblant être… les finlandais).

C’est peu dire que le papier a écrabouillé la concurrence.

Originaire de Chine, il a longtemps été fabriqué à partir de chiffons. Ce n’est finalement qu’au XIXème siècle que se développe réellement une nouvelle fabrication à partir de cellulose. En 1860, le bois remplace alors très nettement les anciens chiffons; ceux-ci disparaitront définitivement quelques années après.

Et les Carolingiens dans tout ça ? Quand et comment le papier est-il parvenu en Europe ?

Par les arabes évidemment. Maitres d’une partie de l’Asie Centrale à la fin du VIIème siècle, ceux-ci entrent en contact avec les fabricants chinois. Le papier suit alors l’expansion de l’Islam. Il est abondamment utilisé pour la diffusion du Coran.

En 800, il atteint Bagdad, où régnait alors un vieux pote de Charlemagne: le calife Haroun ar-Rachid, qui fit parvenir à Aix-la-Chapelle, comme cadeau diplomatique, non pas une rame de papier (de l’arabe razma), mais un éléphant blanc.

Via les territoires musulmans d’Espagne et de Sicile, le papier arrive en Europe seulement au XIème siècle mais, à l’image du papyrus, il est considéré comme peu résistant. Les améliorations techniques des XIIIème et XIVème siècles favoriseront sa propagation et le développement de l’imprimerie assurera son adoption et sa victoire définitive.

Petite revanche du papyrus, le mot papier est bien évidemment issu de son lointain ancêtre : au XIème siècle, les deux matières étaient proches et portaient le même nom. Les altérations linguistiques transformeront ce papyrus en papier français, paper anglais, Papier (papir) allemand ou papel ibérique.

#carolingien #moyenage #parchemin #livres

180kg de papier par francais chaque année.