Le Destrier. Le Panzer du Moyen-Age !....Ou plutôt la Jeep...
VIE QUOTIDIENNE
9/16/20253 min read
Le moyen-âge et ses clichés…
Le cahier des charges de tout bon film évoquant cette période doit comporter, au minimum, un incendie déclenché par des flèches enflammées (qui devraient s’éteindre dès leur départ de l’arc), des chevaliers écrasés par le poids de leur propre armure (en général 20kg, à comparer, par exemple, aux 40kg d’équipement trimballés par les malheureux poilus en 1914), armure qui, elle-même, se fait transpercer par n'importe quelle arme un peu pointue, ou une bonne vieille charge de cavalerie lourde avec des destriers aux allures de percheron : 1000 kg de barbaque chevaline lancés à pleine vitesse sur l’adversaire et la victoire est assurée…
Sauf que… les études actuelles concordent pour affirmer que les chevaux de cette époque étaient plutôt petits. Les anglais, qui ont analysé les restes de 2000 équidés, parlent même de charge de cavalerie à dos de poneys…
Arthur, le mythique héros national, et ses chevaliers de la Table Ronde, ou les Rohirrim du Seigneur des Anneaux, écrit par le très britannique professeur Tolkien, peuvent donc aller se rhabiller.
Il suffit d’ailleurs d’observer la fameuse statue équestre de Charles-le-Chauve (ou de Charlemagne) pour constater que le cheval de l’Empereur n’a pas un gabarit exceptionnel.
Oui… mais… les sculpteurs étaient nuls à cette époque (ah bon ?... la statue elle-même prouve le contraire)… et puis… c’était un cheval de parade, pas un cheval de guerre…
Destrier pour combattre, palefroi pour la promenade, sommier pour le transport ou coursier pour la vitesse… peu importe… les scientifiques parviennent à une taille moyenne de 1m40 au garrot pour les chevaux de l’époque carolingienne… pour faire simple, un grand poney actuel … pas impressionnant du tout…


Statue équestre de Charles-le-Chauve (Musée du Louvre)
De même, sur la tapisserie de Bayeux, il est facile de constater que les éperons des cavaliers (qui n’étaient pas vraiment des géants puisque la taille moyenne était de 1m69) descendent bien en-dessous du ventre des montures.
Les chevaux grandiront plus tard, vers 1500 à la Renaissance, pour atteindre leur taille actuelle
Plusieurs explications, certainement cumulatives, sont avancées :
Le poids du cheval a peu d’impact sur une charge. Il est préférable qu’il soit rapide et musclé. Par exemple, le mignon et minuscule Poney des Shetland est en réalité une race très rustique et très solide, qui est, proportionnellement, quatre fois plus puissante qu'un cheval commun.
Comme on le voit ci-contre, au combat, les chevaux n’étaient pas souvent caparaçonnés (et pas carapaçonnés comme on l’entend souvent, car c'est un caparaçon qui les protégeait, pas une carapace) et les armures n’étaient pas très lourdes. Un petit cheval était largement suffisant pour porter son cavalier et son équipement.
D’autres qualités étaient attendues lors des combats : des montures faciles à manier, un tempérament calme au cœur de la mêlée, la possibilité de remonter facilement en selle pour un cavalier désarçonné...
La charge était un des attributs des chevaux. Mais ils devaient également être endurants pour couvrir de grandes distances, robustes pour résister aux longues campagnes, dociles pour transporter du matériel etc.
L’entretien, et notamment la nourriture, de petits chevaux facilitait la logistique des armées.


Tapisserie de Bayeux
Mais le cheval moyenâgeux de grande taille a certainement encore de beaux jours devant lui. Puisque l’on évoquait Tolkien en début d’article, peut-on imaginer Gandalf s’écrier :
« Il faut sauver Frodon !… Rattrapons les cavaliers noirs, et leurs terribles poneys, qui sèment la terreur dans toute la Comté !... En avant Gripoil, mon fidèle M(ul)éaras !…»
Le nombre d’entrées risquerait de chuter…
#carolingien #histoiredefrance #moyenage


