Beaucoup de rois de France sont aujourd’hui complètement sortis de nos mémoires. Le gros du bataillon est constitué de rois mérovingiens : la plupart ne régnaient que sur une partie du territoire (suite au partage de l’héritage consécutif à chaque décès), un grand nombre, les fameux rois fainéants, ont été privés du pouvoir par les maires du palais et enfin, les sources documentaires de cette époque sont plutôt rares et les biographies souvent très mal connues. Quatre rois mérovingiens se nommèrent Thierry... Qui les connait ?...

Sous les Carolingiens, deux Carloman régnèrent et les deux eurent une carrière plutôt discrète et très courte.

Carloman I était le fils de Pépin-le-Bref et donc le frère d’un certain… Charlemagne… un peu mieux connu. A la mort de leur père, en 768, le royaume fut partagé entre les deux héritiers qui ne s’appréciaient guère, malgré les efforts de leur mère, Bertrade de Laon, plus connue sous le nom de Berthe-au-Grand-Pied. En 771, Carloman mourait brusquement, peut-être empoisonné.

Charlemagne se retrouvait seul maitre du royaume et allait régner pendant encore 43 ans. Gerberge, la veuve de Carloman se réfugia chez les Lombards avec ses deux fils, Pépin et Syagrius, écartés du pouvoir par le nouveau monarque.

Trois ans plus tard, Charlemagne s’empare de Pavie, la capitale de la Lombardie, puis de Vérone, où s’était réfugiée la famille de Carloman I. On n’entendra plus parler des fils de Carloman I. Le futur Empereur dut faire le nécessaire pour que son trône ne soit définitivement plus menacé.

Carloman I

Carloman II était le deuxième fils de Louis-le-Bègue, et donc l’arrière-arrière-petit-fils de Charlemagne. En 879, la mort prématurée de son père l’amena sur le trône de Francie à un très jeune âge, sans doute 12 ans, en compagnie de son frère Louis III (âgé d’environ 15 ans). Malgré sa jeunesse, ce frère ainé fit preuve d’héroïsme et écrasa les Normands à Saucourt-en-Vimeu. Mais il mourut peu après en 882. Carloman II devenait roi de toute la Francie à 15 ans et héritait d’une tâche herculéenne : les vikings menaçaient le royaume de toute part, la Lotharingie était perdue, les cousins carolingiens de Germanie attendaient la première occasion favorable pour revenir en Francie, le comte Boson avait fondé un royaume indépendant dans le sud etc.

Doté du même courage que son frère, Carloman II fit face à toutes ces difficultés et affronta les normands à de nombreuses reprises, avec plus ou moins de succès. En 884, après avoir négocié leur départ, il organisa une grande chasse pour fêter l’événement. Celle-ci lui fut fatale et il mourut à 17 ans.

Louis III et Carloman II

Les biographies de ces deux rois Carloman étant succinctes, j’ai ajouté un petit bonus :

Les presque-rois Carloman (0), Carloman (Pépin) et Carloman (1,5)

Carloman 0 : il précède Carloman I car il est le fils de Charles-Martel et donc le frère ainé de Pépin-le-Bref, en compagnie duquel il fut victorieux de nombreux ennemis. Mais la guerre contre les Alamans, et les massacres qui les accompagnèrent, changea sa destinée : il entra dans les ordres en 747.

En 751, son frère cadet, Pépin, chassa le dernier mérovingien et se fit sacrer roi, confirmé par le Pape Etienne II quelques années après. En 754, Carloman 0 disparaissait.

Carloman-Pépin: il est le fils de Charlemagne. En 781, ce dernier décida de faire sacrer ses deux fils ainés : Carloman sera roi d’Italie et son jeune frère Louis-le-Pieux, roi d’Aquitaine. A cette occasion, le nom de Carloman est changé et il devient Pépin d’Italie. Sa mort prématurée en 810 l’empêcha d’hériter et Louis-le-Pieux, le seul fils survivant de Charlemagne, deviendra l’unique successeur et maintiendra l’unité du Rex Francorum.

Cependant cette branche ainée, issue de Carloman, survivra et se rappellera au bon souvenir des rois Carolingiens, quand Herbert II de Vermandois, le descendant direct de l’ainé Carloman, emprisonnera son cousin Charles-le-Simple, l’arrière-petit-fils du cadet Louis-le-Pieux.

Carloman 1,5 : il est le fils de Charles-le-Chauve et est donc placé entre Carloman I et Carloman II (Carloman I,V ou I,L en chiffres romains ?). Destiné à la vie religieuse, il était prévu qu’il ne règne pas. Mais, en 869, mécontent du sort qu’on lui réservait, il se révolta contre son père qui le fit emprisonner et déchoir de tout titre ecclésiastique. Ses partisans considérèrent donc que, étant désormais laïc, il redevenait apte à hériter et à régner. Ils le remirent en liberté.

Contrarié, son père, a priori assez peu adepte de la méthode Montessori, le fit arrêter, condamner, aveugler et enfermer dans le monastère de Corbie. Réfugié chez son oncle Louis-le-Germanique, Carloman mourut quelques années après en 877.

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Pépin d'Italie