Henri II se faisant transpercer l’œil en plein tournoi est resté célèbre. En revanche, qui se souvient de Charles VIII se fracassant le crane sur le linteau d’une porte trop basse à une partie de jeu de paume ? Pas grand monde… ce qui peut sembler tout à fait injuste.

Dans son ensemble, la famille capétienne a toujours réussi à nous gratifier, assez régulièrement, de quelques morts stupides, plus ou moins mémorables.

Mais qu’en est-il des Carolingiens dont la plupart des rois sont aujourd’hui oubliés, et à plus forte raison, les causes de leur mort ? Qu’on se rassure, ils tiennent la dragée haute à leurs successeurs Capétiens, bien qu’ils aient eu beaucoup moins de temps et d’opportunités pour exprimer tout leur potentiel.

Les morts de Rois Carolingiens les plus stupides : mon top 5.

Mort de Charles VIII

Numéro 5 : Robert Ier à Soissons en 923.

Robert Ier, le grand-père d’Hugues Capet, était âgé d’une soixantaine d’année quand il accéda au trône de France. Mais cette longue attente fut suivie d’un règne d’une longueur inversement proportionnelle, et Robert Ier ne resta sur le trône que… quelques mois.

Sa mort fut plutôt glorieuse, puisqu’il périt à la bataille de Soissons en défendant son royaume contre une armée venue de Lotharingie, très supérieure en nombre.

Mais ce décès prématuré lui permit de remporter haut la main, le titre peu envié du règne le plus court de tous les rois de France avec une durée de 11 mois et 17 jours,

Il est à noter que ce titre pourrait être contesté par quelques ultras, défenseurs de leur champion, Louis XIX, qui aurait « régné » 20 minutes entre l’abdication de Charles X et la sienne, le 2 aout 1830. Ou de Jean I le Posthume, «roi» pendant les quelques jours séparant sa naissance de son décès prématuré.

Dans ces deux cas, difficile de réellement parler de règne.

Vue d'artiste de Robert I

Numéro 4 et médaille en chocolat : Charles-le-Simple à Péronne en 929 (avec mention spéciale pour Charles-le-Gros en 888).

Charles-le-Simple, le roi de toutes les méprises :

C’est un imbécile, alors que son surnom (Simplex) évoque son honnêteté et son absence de duplicité.

C’est un faible, renversé, selon la légende, par le viking Rollon lors de son hommage, alors que les normands sont enfin matés et christianisés.

C’est un vaincu, emprisonné par un vassal félon, alors que le royaume de Lotharingie voisin a été absorbé en 911.

Un roi qui commit des erreurs mais qui rencontra également des succès importants… et qui mourut en 929 à Péronne, emprisonné par le comte Herbert II de Vermandois, après 6 ans de captivité.

Son cousin et prédécesseur, Charles-le-Gros, avait connu le même sort en 888, quelques mois après sa déposition.

Vue d'artiste de Charles III le Simple

Numéro 3 et médaille de bronze: Louis V à Senlis en 987

Louis V s’inscrit dans une vieille tradition de rois carolingiens morts à la chasse.

Carloman II en 884, qui, lors de célébrations pour fêter le départ des Normands, succomba aux Andelys, transpercé… soit par un sanglier… soit par un féodal maladroit…

Ou encore Louis IV d’Outremer en 954, qui voulut se dégourdir un peu les jambes et poursuivre un loup qui avait eu la malencontreuse idée de traverser la route devant lui. Finalement, c’est le loup qui a gagné.

Mais la mort de Louis V en 987 dans la forêt de Senlis surpasse les précédentes.

Dans un premier temps, elle permit au roi de venir titiller le record du règne le plus court (voir ci-dessus), détenu depuis 923 par Robert Ier, qui conserva, malgré tout, sa couronne à quelques semaines près.

Mais cette mort donna surtout l’occasion à Hugues Capet d’usurper définitivement le pouvoir.

Les règnes difficiles des rois Louis IV d’Outremer, puis de Lothaire, mort l’année précédente en 986, avaient renforcé la position des Carolingiens qui avaient su s’adapter à la féodalité, tisser des alliances, agrandir le domaine royal et remporter des batailles.

Un stupide accident de chasse et la mort sans héritier du jeune Louis V annihilaient tous ces efforts. Les Capétiens prendront le pouvoir peu après et ne le lâcheront plus, malgré les efforts du dernier Carolingien survivant, Charles de Basse-Lorraine.

Vue d'artiste de Louis V

Numéro 2 et médaille d’argent : Louis III à Tours en 882.

La barre est désormais placée très haut.

Le chroniqueur de Saint-Vaast, toujours bien informé, nous parle à travers les siècles :

Année 882, le Roi Louis III a environ 18 ans et est déjà un héros : il a écrasé les Normands à la bataille de Saucourt-en-Vimeu, victoire qui fera l’objet d’un éloge sous forme de poème, le Ludwigslied.

Cet été, il est à Tours pour négocier le départ d’une autre armée danoise.

Le roi est victorieux et la fille de Germond est belle… et farouche.

Le Roi la poursuit à cheval et ne voit pas le linteau au-dessus du porche derrière lequel elle s’est réfugiée.

Choc frontal. Le héros est à terre. Fin de l’aventure.

Longue vie au Roi Carloman II !

Vue d'artiste de Louis III et Carloman II

Faire mieux que Louis III semble difficile et pourtant…

Numéro 1 et médaille d’or : Raoul à Auxerre en 936

Raoul… qui s’appelait en réalité Rodolphe.

Raoul, le Bosonide.

Raoul, le seul roi de France n’appartenant pas aux familles Mérovingienne, Carolingienne ou Capétienne.

Raoul, mort le 15 janvier 936, d’une pédiculose corporelle, c’est-à-dire d’une prolifération de poux sur tout le corps.

Les chroniqueurs contemporains, comme Flodoard, sont plus circonspects et parlent d’une longue maladie qui obligea le roi à rester alité tout l’automne, sans donner beaucoup de détails sur cette infection. Les historiens modernes restent également prudents.

Alors, légende ou vérité ?

Peu importe… Un roi mort, rongé par la vermine, ne peut que terminer en tête de ce classement.

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Vue d'artiste de Raoul