Les traités, voyez-vous, sont comme les jeunes filles et les roses: ça dure ce que ça dure ! Suite et fin.

Description de l'article de blog :

EVÉNEMENTSCAROLINGIENS

11/30/20253 min read

Suite de l'article sur les traités.

Le traité de Meerssen, en 870.

On va faire court :

Le 8 aout 869, Lothaire meurt sans héritier (sans héritier… c’est un peu plus compliqué que ça… je ferai un article sur le sujet mais, pour simplifier, à l’époque, on ne rigolait pas trop avec les obligations du mariage).

Son dernier frère survivant, Louis II roi d’Italie, est occupé à guerroyer contre les armées musulmanes dans le sud de l’Italie et ne peut pas intervenir.

Les tontons, Charles-le-Chauve et Louis-le-Germanique, respectivement roi de Francie et de Germanie, sentent la bonne occasion.

N’oubliant qu’il est avant tout un soldat, en son for intérieur, Charles-le-Chauve se dit : c’est le premier qui b… qui enc… l’autre. Ou plutôt, c’est le premier qui agit qui prend la Lotharingie. Le 9 septembre, un mois après la mort de son neveu, il est couronné roi à Metz (belle efficacité !).

Evidemment, Louis-le-Germanique n’est pas content… Mais il est malade.

carolingiens, traité, meerssen
carolingiens, traité, meerssen

En février, il guérit et convoque son armée.

Charles-le-Chauve ne se dégonfle pas, il se prépare au combat et…

les deux souverains décident de partager ce royaume mitoyen en signant un traité le 8 aout 870, un an tout juste après la mort de Lothaire.

La logique aurait été de séparer la Lotharingie horizontalement : le nord, la Basse-Lorraine, était de langue tudesque et plus encline à rejoindre le royaume de Louis-le-Germanique. Le sud, de langue romane, était plus proche du royaume de Charles-le-Chauve.

Une séparation Est-Ouest fut finalement opérée.

Une sage décision, qui laissait la porte grande ouverte à de futurs conflits.

La Germanie récupérait sans combattre la moitié de la Lotharingie. L’autre moitié allait bientôt suivre grâce au…

charles-le-chauve, traité
charles-le-chauve, traité

Charles-le-Chauve

carolingiens, traité, Ribemont
carolingiens, traité, Ribemont

Traité de Ribemont en 880.

C’est le dernier…

Ces souverains qui préfèrent négocier plutôt que de s’étriper finissent par devenir un peu lassants.

On va faire très court :

En Francie, le trône des nouveaux rois, Louis III et Carloman II, est fragile : ils sont très jeunes et accusés par certains de bâtardise, un féodal Boson a été proclamé roi et plusieurs comtes dissidents le rejoignent. Les deux rois ne peuvent se permettre un nouveau conflit avec les cousins Carolingiens.

En Germanie, le nouveau souverain, Louis-de-Saxe, est théoriquement en position de force. Mais il est très affecté par la mort récente de son fils, tué par les normands.

En 880, à Ribemont, la Francie échange la partie Ouest de Lotharingie qu’elle détient encore contre une reconnaissance de la légitimité des deux jeunes rois et la neutralité de la Germanie dans la guerre contre l’usurpateur Boson.

NB: 5 ans après ce traité, Charles-le-Gros (en rose) parviendra à réunir tout le Rex Francorum

armée, carolingiens
armée, carolingiens

Et, de façon paradoxale, dans un monde en état de guerre quasi permanent, la Germanie a conquis la Lotharingie par la voie diplomatique, sans véritable bataille.

Que les lecteurs avides d’action se rassurent… Cette issue négociée et pacifique ne durera, elle aussi, que le temps d’une rose: la Francie Occidentale reviendra plusieurs fois dans le match lotharingien… Notamment en 911…

Et les conséquences de ce retour seront une belle guerre civile entre deux rois francs concurrents, terminée par une bataille sanglante où l’un des deux protagonistes sera vaincu puis fait prisonnier (Charles-le-Simple), et l’autre, vainqueur posthume et massacré dans la mêlée (Robert Ier).

Enfin une situation nette.

Et un programme alléchant… bien éloigné de toutes ces tergiversations diplomatiques…

#Carolingien #moyenage #histoiredefrance