Les années 70 à l’honneur : l’Histoire de France en Bandes Dessinées Larousse.

Description de l'article de blog :

FILMS, BD, ROMANS

12/4/20254 min read

Comme aurait dit un célèbre humoriste contemporain (qui parlait plutôt de lessive) :

Ah!... Mais voilà une série qu’elle est bonne !

Publiée par Larousse en 24 tomes mensuels de 1976 à 1978, cette série retrace l’histoire de France, de Vercingétorix à Valéry Giscard d’Estaing. Ce fut un succès public et critique, et des suites furent éditées de 1980 à 1982 : « la découverte du monde en bandes dessinées » et « l’histoire du Far-West en bandes dessinées ».

L’équipe de dessinateurs qui travailla sur la collection originale, comptait de nombreuses pointures françaises et internationales, comme par exemple Raymond Poïvet, un auteur un peu oublié, créateur des Pionniers de l’Espérance, une série de science-fiction, ou de M.I.X. 315, un court récit que Moebius avait certainement lu avant de créer son Arzach.

BD? CRAYONNES
BD? CRAYONNES

MIX 315 de Poïvet

Les tomes 3 et 4 se déroulent pendant l’époque carolingienne et se déclinent en trois récits : Sous le Sceptre Carolingien, Les Loups de Mer et La Race des Capets.

Les dessinateurs sont :

Milo Manara, un italien multi-récompensé, devenu célèbre dans les années 80 avec des BD érotiques comme « le Déclic », mais auteur également d’une adaptation BD du célèbre roman historique « le Nom de la Rose »,

Eduardo Coehlo, considéré comme le plus grand dessinateur réaliste portugais,

Victor de La Fuente, un espagnol, que, personnellement, je trouve excellent.

Les scenarios ont été rédigées par l’historien Jacques Bastian et les scénaristes Jean Ollivier et Victor Mora.

Livre, BD, Manara
Livre, BD, Manara

Le Caravage de Manara

bd, livre
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« Sous le Sceptre Carolingien » (Manara) décrit l’ascension de la famille carolingienne : l’effacement des derniers rois fainéants mérovingiens, la montée en puissance de Charles Martel et sa victoire sur les armées musulmanes à Poitiers, le sacre de Pépin le Bref et, naturellement, le long règne de Charlemagne qui occupe près des deux tiers du chapitre, ce qui est quasiment toujours le cas des ouvrages consacrés à cette période.

Il en de même pour les récits évoquant les règnes de ses successeurs qui restent toujours consacrés aux normands. Ainsi « Les Loups de Mer » (Coelho) se concentre sur les invasions vikings, plus particulièrement sur le siège de Paris de 885 et le traité de Saint-Clair-sur-Epte, entre Rollon et Charles-le-Simple, décrit et dessiné comme un parfait ahuri, fidèle à sa légende noire. Le règne de Charles-le-Chauve est cependant évoqué en filigrane.

Saut dans le temps pour le 3ème et dernier récit, « la Race des Capets » (de La Fuente) : le narrateur passe directement au roi Carolingien, Louis V, qui se fracasse le corps dans un accident de chasse dès la 3ème image du récit. Le héros de ce chapitre est Adalbéron, l’Archevêque de Reims, qui accompagne et favorise l’ascension de Hugues Capet. L’ Archevêque revient très sommairement, sans aucune chronologie, sur quelques événements des derniers règnes, qui s’étalent pourtant sur presque un siècle. La lutte du dernier représentant de la famille Carolingienne, Charles-de-Basse-Lorraine, est vite expédiée afin de consacrer quelques pages aux premiers Capétiens : Robert-le-Pieux, Henri et Philippe.

Couverture emblématique de la collection par Victor de La Fuente

livre, viking, moyen-age
livre, viking, moyen-age

Cette série est vraiment à conseiller. C'est une excellente porte d’entrée pour découvrir l’Histoire de France.

Cependant le silence constant de ces ouvrages grand public sur l’époque carolingienne pourrait laisser croire que celle-ci est mal connue alors que plusieurs chroniques et récits nous en sont parvenus. Même s’ils se méfient de certains auteurs, comme le mal aimé Richer de Reims, les historiens sont loin d’être démunis pour reconstituer les différents épisodes et cadres de vie de cette période.

C’est plutôt la complexité récurrente des événements qui doit rebuter les auteurs de ces séries: les successions entre différentes familles, les partages, réunions puis repartages des royaumes,… que les normands viennent ensuite saccager pour remettre en cause leur existence, suivis des féodaux cherchant à s'émanciper et à créer leur propre état indépendant etc., etc.

Toute cette période est donc généralement survolée car il est extrêmement compliqué de la synthétiser en quelques pages, tout en gardant un récit intéressant et accessible.

Et les carolingiens restent oubliés.

#Carolingien #BD #histoiredefrance