Le roi est mort ! Vive le … euh… Vive qui ?... La complexité des successions sur le trône de Francie Occidentale.

EVÉNEMENTSCAROLINGIENSCAPÉTIENSBOSONIDES

9/15/20254 min read

Les capétiens, qui régnèrent presque mille ans sur la France nous ont habitué à des règles de succession simples et a priori intangibles : primogéniture masculine et absence de vacance du pouvoir, résumée par la formule bien connue « Le roi est mort ! Vive le roi ! ».

Historiquement les choses ont été un peu plus compliquées et Louis VIII fut le premier roi capétien a succédé de cette façon à son père Philippe Auguste en 1223, presque 250 ans après le sacre de Hugues Capet.

Et chez leurs prédécesseurs carolingiens, comment se déroulaient les successions?

Louis le bègue, Carolingien, roi
Louis le bègue, Carolingien, roi

Louis le Bègue

C'était un peu plus compliqué...

et même extrêmement compliqué...

Les successions des premiers souverains furent cependant assez faciles : Pépin le Bref le premier roi laissa le pouvoir à ses deux fils Charlemagne et Carloman I. Ce dernier disparut rapidement et Charlemagne réunifia le royaume. Assez curieusement, compte tenu du nombre d’épouses et d’enfants conçus par l’Empereur, la succession de celui-ci ne posa guère de problème; seul son fils Louis-le-Pieux lui survécut.

Les choses commencèrent à se compliquer à la mort de Louis-le-Pieux et l’Empire dû être divisé en 3 royaumes, en 843, par le traité de Verdun.

La Francie Occidentale, ancêtre de la France, était née et les successions difficiles allaient s’enchainer : en un siècle, de 879 à 988, 14 rois différents seraient sacrés : 8 Carolingiens de Francie, 4 Capétiens, 1 Carolingien de Germanie et 1 Bosonide, sans compter les prétendants qui régnèrent partiellement ou usurpèrent une partie du pouvoir.

En effet, la naissance de la féodalité permit aux nobles de s’impliquer chaque jour un peu plus dans le choix du souverain au détriment du caractère héréditaire de la royauté. Désormais, le souverain devait recevoir une double onction : l’approbation de l’Aristocratie et le Sacre de l’Eglise. Sans oublier les Carolingiens de Germanie, d’Italie ou de Lotharingie qui rêvaient de réunifier l’Empire sous leur autorité.

Remarque préliminaire : il est conseillé de suivre l’arbre généalogique ci-dessous, car c’est un sacré b… (le lecteur complètera lui-même).

rois, succession, carolingiens
rois, succession, carolingiens

Dans un premier temps, de 877 à 884, les Carolingiens de Francie occupent le terrain: Charles-le-Chauve (1) jusqu’en 877, son fils Louis-le-Bègue (2) jusqu’en 879, puis ses petits-fils Louis III (3) et Carloman II (4) jusqu’en 884.

Mais les décès prématurés se multiplient : la Bosonide Richilde (C), épouse de Charles-le-Chauve, et les cousins Carolingiens de Germanie, Louis le Germanique (A) et son fils Louis de Saxe (B) cherchent à en profiter mais ne parviennent pas à s’imposer. En revanche, l’usurpateur Boson (D), frère de Richilde, parviendra à créer un royaume indépendant en Provence.

C’est finalement le roi de Germanie, Charles-le-Gros (5) qui tirera les marrons du feu: l’hécatombe carolingienne lui permettra de reconstituer, en 885, l’Empire de Charlemagne… de façon très éphémère puisqu’il sera destitué en 887 et mourra peu après.

Qui pour succéder à Charles-le-Gros sur le Trône de Francie ?

Les prétendants ne manquent évidemment pas : le dernier fils de Louis-le-Bègue, Charles-le-Simple (7), mais il n’a que 8 ans, Arnulf de Carinthie (E) le nouveau roi de Germanie, Guy de Spolète (F) un comte italien proche de l’Archevêque de Reims qui réussit à se faire sacrer, mais qui fut rejeté par l’Aristocratie. Et un nouveau venu, le comte Eudes (6).

Reine, Richilde, carolingien, bosonide
Reine, Richilde, carolingien, bosonide

Richilde

C’est finalement Eudes, le premier capétien, qui remporta la compétition en 888 et inaugura ainsi une longue période pendant laquelle différentes familles franques allaient se succéder à la tête du pays : en 898, à la mort de Eudes, les Carolingiens reviennent au pouvoir grâce à Charles-le-Simple (7), mais le perdent en 923 au profit du capétien Robert I (8), frère d’Eudes et grand-père de Hugues Capet. Sa mort après quelques mois de règne permit au Bosonide, Raoul (9) de s’emparer du trône en écartant notamment le capétien Hugues-le-Grand (G) et le Carolingien Herbert II de Vermandois (H).

A la mort de Raoul, les Carolingiens revenus de leur exil en Angleterre, réussirent à reprendre le pouvoir par l’intermédiaire de Louis IV d’Outremer (10) en 936, puis de son fils Lothaire (11) en 954 et de son petit-fils Louis V (12) en 986.

Mais les morts successives des derniers carolingiens à quelques mois d’intervalle, sonnèrent le glas de la dynastie et l’avènement définitifs des capétiens Hugues Capet (13) en 987 et de son fils Robert II (14), sacré dès 988 pour consolider la nouvelle dynastie, cent ans tout juste après son lointain parent Eudes. Les efforts des derniers carolingiens, Louis de Basse Lorraine (J) et ses fils, pour revenir sur le trône ne seront pas couronnés de succès.

Un épisode de l’histoire de France compliqué à suivre pour un historien amateur, mais idéal pour un scénario de bandes dessinées.

#carolingien #histoiredefrance #moyenage